Balance commerciale chinoise

A partir de l'article de Karim Abdel-Motaal (portfolio manager chez GLG Partners) dans le Financial Times du Mardi 16 Novembre 2010.

Un observateur non averti peut être tenté de penser que la question des déséquilibres entre monnaies constitue aujourd'hui l'enjeu premier de la crise financière internationale et que la correction de ces déséquilibres est l'étape première pour sauver l'économie mondiale. Cela serait une erreur.

Les défis verbaux entre chinois et américains sur la réévaluation de la monnaie chinoise (Yuan ou Renminbi) sont de bon ton par les temps qui courent mais n'assistons nous pas en réalité à une agitation politique visant pour chaque dirigeant à faire bonne figure devant son peuple?

Les excédents des balances commerciale et courante chinoises ne sont que le reflet du déséquilibre entre l'épargne et l'investissement en Chine.  Le taux d'épargne en Chine atteint en effet le niveau record de 50% du PIB. Tout tentative de résolution des déséquilibres du commerce international commence donc ici. Les Chinois épargnent pour des raisons structurelles que la plupart des économistes, décideurs européens et américains inclus, comprennent clairement en dépit de toutes leurs affirmations bruyantes du contraire.

L'idée selon laquelle les causes principales de l'épargne chinoise, à savoir l'exode rural massif, l'absence de système de protection sociale ou encore les conséquences de la politique de l'enfant unique, peuvent être considérées de manière pertinente sous le prisme de la réévaluation du taux de change nominal du Yuan est pour le moins insuffisante.

Les décideurs américains le savent.

Il savent aussi que chaque dollar reçu par les Chinois pour des biens ou services aux Américains et consciencieusement réinvesti par la Chine en des bons du trésor américain (quand bien même les autorités chinoises annonceraient une stratégie de diversification de leurs réserves de devises). Ce mécanisme permet aux américains de financer leur déficit à plus de 10% de son PIB.

Les décideurs chinois l'ont également parfaitement compris.

Les américains et les chinois se sont donc lancés dans un jeu implicite: la Chine maintient une monnaie faible et de ce fait importe de la croissance en provenance du reste du monde (en particulier des Etats-Unis) et les Etats-Unis trouve là l'oxygène pour tenter de contrer la contraction de leur économie en faisant tourner de larges déficits budgétaires et en imprimant des dollars pour financer ces déficits.

Ce petit jeu n'est pas sans conséquences: le taux de change nominal USD/Yuan reste inchangé mais le taux de change réel s'élance dans une spirale dangereuse; l'effet inflationniste sur les actifs des pays émergents inondés de dollars fraîchement imprimés est évident. Après l'inflation des actifs pourrait suivre l'inflation des biens et des services. Une situation qui rappelle dangereusement la crise asiatique de 1997.

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