Sagesse, causalité et histoire chez Ibn Khaldûn

 Extrait du Chapitre 1 – « L’histoire et son évolution » - Peuples et nations du monde d’Ibn Khaldûn (إبن خلدون ) (Tunis 1332 - Le Caire 1406). Traduit de l’arabe et présenté par Abdesselam Cheddadi. Editions Sindbad, 1986.

L’histoire (târîkh - تاريخ) est une branche du savoir des plus répandues entre les nations (umam - أمم) et les générations des hommes (ajyâl - أجيال ).  On entreprend de longs voyages pour l’apprendre ; elle captive les foules et les gens simples ; les rois et les grands la recherchent à l’envi ; et les ignorants la comprennent aussi bien que les gens instruits. C’est que, considérée de l’extérieur, elle n’est rien que de plus que les récits (akhbâr - أخبار) des jours glorieux (ayyâm - أيام ) et des dynasties (duwal - دول ), ainsi que des siècles les plus reculés.

Ces récits, où l’on aime à rapporter maximes et proverbes, sont offerts commes des choses rares dans les assemblées où l’on se presse en foule. Ils nous font connaître l’état des créatures et les changements qui ont affecté leurs conditions (ahwâl -  أهوال ), l’expansion des dynasties et leur établissement sur la terre jusqu’au terme de leur disparition.

Mais vue de l’intérieur, l’histoire (târîkh - تاريخ) est recherche théorique (nazar - نذر ) et vérification (tahqîq - تحقيق ), étude minitieuse des causes et des principes des choses existantes, connaissance approfondie des circonstances et des causes des évènements. Elle a donc son fondement et ses racines dans la sagesse (al-hikma -  الحكمة), et mérite amplement d’être comptée comme une de ses sciences.  

Comments