Risque systémique : définition et modélisation
A l’occasion de la conférence « Systemic Risk and Data
Issues » qui s’est tenue à Washington les 5 et 6 octobre 2011 sous l’égide
des nouvelles entités de régulation créées dans le cadre de la réforme
Dodd-Frank du système financier américain (le Financial Stability
Oversight Council (FSOC) et l’Office of Financial Research (OFR) au sein du US
Treasury), le jeune économiste Anton Korinek, professeur à l’Université de
Maryland depuis 2007, a présenté une modélisation à la fois riche et parcimonieuse
des phénomènes d’amplification, d’externalités et des réponses possibles par
les autorités de régulation à la montée du risque systémique.
Si le terme de « risque systémique » est employé
pour désigner des phénomènes d’instabilités pouvant prendre des formes biens
différentes (voir Christian Bordes, Banque
et risque systémique (*)), Dr Anton Korinek, dans son papier « Systemic
Risk-Taking: Amplification Effects, Externalities, and Regulatory Responses »
(http://www.korinek.com/) fait ressortir les composantes principales du
risque systémique : apparition d’amplifications financières de grande
ampleur provoquées par un choc macro-économique.
Le modèle fait interagir des banques « risque neutre » (hypothèse de non arbitrage et
complétude des marchés) avec les ménages
qui constituent la source de financement des premières. L’argent levé auprès
des ménages est investit dans des projets économiques risqués : les
banques sont alors détentrices d’actifs. Lorsque le rendement agrégé de ces
actifs baisse (suite à un choc macro-économique) pour passer en dessous de la
rentabilité minimale permettant aux banques de faire face à leurs contraintes
de remboursement, elles se retrouvent alors contraintes de céder une partie des actifs, ces ventes en série provoquent alors la baisse des prix accélérant ainsi les ventes. Cette spirale « Vente en série –
baisse des prix – fragilisation des bilans des banques/resserrement des
contraintes financières» caractérise le risque systémique.
Le modèle posé par l’auteur permet alors d’évaluer le coût
social des amplifications financières et étudie alors la possibilité pour le
régulateur de mettre en place une taxe pigouvienne, c’est-à-dire une taxation visant
à compenser le coût social marginal social des externalités négatives
constatées et de restaurer ainsi un optimum de Pareto.
(*) En pratique, la définition suivante, proposée la Banque
des règlements internationaux est couramment utilisée : on parle de choc
systémique lorsque « un événement est à l’origine de pertes économiques importantes
ou d’une perte de confiance ce qui suscite des inquiétudes sur la situation
d’une partie importante du système financier, suffisamment sérieuses pour avoir
des effets négatifs sur l’économie réelle » (Groupe des Dix, BRI, Consolidation
in the Financial Sector http://www.bis.org/publ/gten05.htm
)
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