Actions, émotions et sentiments
Antonio Modigliani - Auto-portrait 1920 |
Extraits de Antonio R. Damasio, Spinoza avait raison : joie et tristesse, le cerveau des émotions, Odile Jacob, Paris, 2003, 346 p.
« L’évolution semble avoir assemblé la machinerie
cérébrale de l’émotion et du sentiment par acomptes. Premièrement est venue la
machinerie produisant les réactions à un objet ou à un évènement, en lien
direct avec cet objet ou ces circonstances – c’est la machinerie de l’émotion.
Deuxièmement est venue la machinerie produisant une carte cérébrale et puis une
image mentale, une idée, laquelle correspond aux réactions précédentes et à l’état
de l’organisme qui en résulte – c’est la machinerie du sentiment.
Le
premier procédé, c'est-à-dire l’émotion, permet aux organismes de répondre de
façon efficiente, mais pas de façon créative, aux circonstances favorisant la
vie ou la mettant en danger – aux circonstances « bonne pour la vie »
ou « mauvaises pour la vie ». Le second procédé, c'est-à-dire le
sentiment, a introduit une alerte mentale pour les circonstances bonnes ou
mauvaises et a prolongé l’impact des émotions en affectant pendant un certain
temps l’attention et la mémoire. Parfois en se combinant utilement avec les
souvenirs passés, l’imagination et le raisonnement, les sentiments donnent lieu
à l’émergence d’une prévision et à la possibilité de créer des réponses qui
sont nouvelles et non stéréotypées.
Comme c’est
souvent le cas lorsque des procédés nouveaux sont introduits, la nature s’est
servie de l’émotion pour commencer et a bricolé quelques composants
additionnels. Au commencement était l’émotion, mais au commencement de l’émotion
était l’action. »
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