Finance, information et pouvoir
Extraits choisis et traduits de l’article « Finance,
information and power », écrit par Susan
Strange en 1990 dans Review of
International Studies, 16, 259-274.
L’objet principal de cet article s’expose en quelques mots : il existe une grande différence entre la puissance financière exercée par les Etats-Unis et celle exercée par le Japon, et cette différence est en partie expliquée par le rôle de l’information dans la structure financière globale. Il se trouve par ailleurs que cette différence est plutôt une bonne illustration de la différence entre les notions de pouvoir structurel et de pouvoir relationnel.
Ce que je compare, c’est d’une part le pouvoir structurel d’étendre ou d’élargir la palette d’options
accessibles aux autres qui, jusqu’à présent a été, et continue d’être, exercé
par les Etats-Unis depuis la période d’après-guerre, en particulier dans le
secteur de la finance, avec, d’autre part, le pouvoir relationnel que le Japon exerce dans le même secteur de la
finance du fait de sa position de principal fournisseur de crédit et pourvoyeur
d’aides financières.
Par « domaine de la finance », je fais référence
spécifiquement au système par lequel le crédit est crée, acheté et vendu et par
lequel la direction et l’usage du capital sont déterminés.
[…]
Description de la
structure financière
Cela n’est pas uniquement, comme Gilpin le dit, que
« la finance est une force majeure d’intégration de l’économie
mondiale »[1]. C’est
plus que cela. L’intégration de l’économie mondiale a été atteinte en
rapprochant les différents systèmes financiers nationaux en un système global.
A la place d’une série de systèmes financiers nationaux reliés entre eux par
quelques opérateurs achetant et vendant du crédit de manière transnationale, à
travers les frontières nationales et les échanges de devises (c-a-d d’une
devise nationale à une autre) et par
quelques places de marché d’actifs (par exemple les bourses d’actions), reliés
entre eux de telle sorte qu’ils se répondent les uns les autres, nous avons
maintenant un système global dans lequel les marchés nationaux, physiquement
distants les uns des autres, fonctionnent en réalité comme s’ils n’étaient plus
qu’un. Et ce système financier global, au lieu d’être une extension mineure des
différents systèmes financiers nationaux, est maintenant à la fois plus grand
et plus influent que chacun d’entre eux. L’équilibre, en bref, s’est déplacé
d’un système reposant principalement sur des états connectés entre eux de
manière transnationale à un système financier essentiellement global présentant
quelques différences locales.
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Review of International Studies / Volume 16 / Issue 03 / July 1990, pp 259-274 Copyright © British International Studies Association 1990 DOI: http://dx.doi.org/10.1017/S0260210500112501 (About DOI), Published online: 26 October 2009
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