Fort thermique ascendant provoqué par la Fed


En décidant de baisser le taux directeur de la Réserve Fédérale américaine de 5,25% à 4,75%, les membres du Federal Open Market Committee ont soufflé un vent doux sur les marchés financiers provoquant ainsi des ascendants thermiques sur les bourses mondiales d'une grande vigueur : le CAC 40 et le Dow Jones ont par exemple gagné plus de 3% la semaine dernière.

Les inquiétudes des semaines passées sont-elles pour autant subitement dissipées?

En baissant son taux directeur, la Réserve fédérale a voulu tout d'abord contrer les rafales descendantes puissantes observées depuis l'été sur des marchés financiers qui subitement reconnaissaient que le rythme de progression des actifs boursiers ces quatre dernières années, près de 15% par an avec une régularité et un optimisme étonnants, était exagéré. "Le marché" a ce pouvoir d'agréger les croyances individuelles des opérateurs et les turbulences de cet été peuvent, à ce titre, être vues comme une forte auto-déception de la croyance collective. Les innovations financières dans le domaine de la titrisation de portefeuilles de crédit devaient favoriser l'investissement, la consommation et donc la croissance – probablement - mais à quel rythme et avec quels risques ?

Les avertissements et explications apportées par l'économiste Maurice Allais[1] lors de la crise financière de 1998 semblent à nouveau parfaitement s'appliquer : "la croyance dans la hausse suscite la création ex nihilo de moyens de paiements bancaires et l’appréhension de la baisse engendre la destruction des moyens de paiement antérieurement créés ex nihilo".

Il revenait donc mardi dernier à la banque centrale des Etats-Unis, de "rassurer le marché" et le marché de jouer le jeu en pariant que la majorité des opérateurs feraient, dans un premier temps, mine de croire que cette baisse du taux d'intérêt était suffisante pour compenser le différentiel de risque qu'il ne prenait pas bien en compte ces quatre dernières années!

Ce jeu convenu des anticipations réalisées par chaque opérateur, non seulement sur la base de ses analyses et convictions sincères, mais aussi sur sa perception des anticipations réalisées par le groupe conduit à des fluctuations complexes et une psychologie collective avec laquelle doivent composer les banques centrales et les acteurs de "l'économie réelle" qui, le rappelle le patron de la Fed, Ben Bernanke, ressort aujourd'hui fragilisée par cette crise.
[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Allais

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