Modèle d'inflation 3-facteurs

D'après Robert J. Gordon, The Time-Varying NAIRU and its Implications for Economic Policy, The Journal of Economic Perspectives, Vol. 11, No. 1. (Winter, 1997), pp. 11-32.

La relation entre l'inflation et le taux de chômage est au coeur de toute politique économique. Un demi-siècle dernier nous, Paul Samuelson et Robert Solow (1960), en écho à une publication de Phillips (1958), ont désigné par "Courbe de Phillips" cette relation. Quelques années plus tard, Milton Friedman (1968) introduit de son côté le terme de "taux de chômage naturel" qui par la suite cédera sa place au NAIRU (Non Accelerating Inflation Rate of Unemployement/Taux de chômage n'accélérant pas l’inflation). Si un unique taux de chômage d'équilibre NAIRU existe, alors en ce point, la courbe de Phillips est verticale (il s'agit du seuil minimal en dessous duquel l'inflation grimpe en flèche). Ainsi pour conduire l'inflation à des valeurs proches de zéro, la FED doit accepter de positionner le chômage au dessus du NAIRU; qu'elle vise une inflation réduite ou stable.

Curieusement les recherches cherchant à affiner la relation entre l'inflation et l'emploi se sont par la suite faites plus rares. L'interprétation de King et Watson (1994) est la suivante: les économistes Keynésiens ont continué de voir la courbe de Phillips comme une relation structurelle essentielle, notamment dans sa version enrichie des facteurs de chocs sur la demande ou sur l'offre (Gordon 1977). Toutefois, une fois ces améliorations apportées,  il n'y avait plus d'agenda garantissant une continuité de la recherche sur cette thématique, exceptées quelques vérifications périodiques de la persistance de la relation qui s'est avérée d'ailleurs particulièrement stable dans la période d'après guerre.

Alors que les défenseurs de la courbe de Phillips se laissaient bercer par cette stabilité, "l'école de l'autre côté de la rue", celle des néoclassiques et des monétaristes, qualifiait le modèle "d'échec économique à grande échelle"  (Lucas et Sargent 1978): une corrélation positive persistante entre inflation et taux de chômage dans les années 70 est effectivement venue mettre en défaut le modèle. De ce fait les économistes néoclassiques ont cessé de s'intéresser à la Courbe de Phillips et n'ont pas fait attention, ou n'ont pas pris au sérieux, les dernières versions apparues intégrant des facteurs de choc (sur l'offre et/ou la demande) après 1975.

Le modèle 3 facteurs ou "modèle triangulaire"

L'inflation est supposée ici dépendre de trois facteurs; un facteur d'inertie, un facteur "demande" et un facteur "offre":

πt = a πt-1 + b Dt + c zt + et ,
  • πt est le taux d'inflation à l'instant t,
  • πt-1 est le facteur d'inertie, i.e. l'inflation à l'instant t-1
  • Dest le facteur de demande (niveau)
  • zt est le facteur d'offre (variation) 
  • eest un terme d'erreur non corrélé aux trois premiers facteurs

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